ANGLOPHONE
STUDIES
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Editor-in-chief & Webmaster Book Review Editor: Molly O'Brien Castro |
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(Literature,
Civilization, Cultural Studies, Gender Studies, Linguistics)
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GRAAT: Pronounce [greit]
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GRAAT: Getting to the bone
A
peer-reviewed journal of Anglophone Studies
Serge Ricard, Théodore Roosevelt et l'Amérique impériale (Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2016). 24€, 364 pages, ISBN 978-2-7535-4893-0—Anne-Claire Lévy, Université Panthéon-Assas - Paris 2. En matière de politique extérieure, les États-Unis ont souvent adopté un discours moralisateur, empreint d'une sorte d'idéologie « messianique » [13] couplée à un sens du devoir d'assistance. Pour Serge Ricard, Professeur émérite d'histoire et de civilisation américaines à la Sorbonne Nouvelle (Université Paris III), il ne faut oublier les « intérêts nationaux égoïstes » [13] qui ont eux aussi dicté les attitudes et les actions américaines en matière de politique étrangère.
La première partie s'intéresse aux années de « maturation » [35] de Roosevelt, celles d'avant la présidence (1881-1901) : le politicien prodige, l'historien des États-Unis, l'apologiste de la démocratie expansionniste et le géopoliticien de l'impérialisme, partisan de ce que Serge Ricard appelle l'hégémonie « hémisphérique » [35]. Cette partie retrace notamment la genèse de la personnalité de Roosevelt en s'intéressant à son éducation et à son expérience de l'Ouest. Le premier chapitre insiste sur le fait que chez Roosevelt pensée politique rimait avec morale, politique et morale étant toutes deux inextricablement liées. Le caractère réformiste et idéaliste de Roosevelt s'est à la fois forgé et illustré avec ses premières responsabilités politiques : député à la Chambre basse de l'Etat de New York, commissaire au recrutement des fonctionnaires, préfet de police de New York et secrétaire adjoint à la marine. Il établit sa réputation de soldat téméraire et de héros en 1898 lors de la bataille décisive de la guerre hispano-américaine, la bataille de San Juan Hill. La même année, il pénétra dans ce que Serge Ricard nomme « l'antichambre » du pouvoir lorsqu'il devint gouverneur de l'Etat de New York. Vice-président de l'administration McKinley en 1900, il accéda à la magistrature suprême en 1901 après l'assassinat de ce dernier. La seconde partie de Théodore Roosevelt et l'Amérique impériale est dédiée à la présidence, « l'ordre rooseveltien » [151] (1901-1909), pendant laquelle Roosevelt a mis en œuvre une politique extérieure novatrice qui permit au pays de faire son entrée dans le cercle des grandes puissances. Les États-Unis rompirent avec leur passé isolationniste et passèrent de la doctrine de Monroe à la doctrine de Roosevelt pour devenir l'arbitre entre les grandes puissances, renforcer leur influence et affirmer leur suprématie en Amérique latine. Roosevelt était convaincu que les États-Unis devaient poursuivre leur expansion hors de leurs frontières nationales et répandre leur « exceptionnalisme ». Il renforça donc la puissance navale de son pays et s'efforça d'équilibrer les impérialismes en Asie et en Europe. Grâce à un président partisan d'une diplomatie dite du « gros bâton », les États-Unis accrurent leur emprise et leur influence aux Caraïbes et dans l'océan pacifique. En outre, Roosevelt soutint une rébellion au Panama pour obtenir l'indépendance de cette région appartenant à la Colombie en vue d'y construire un canal sous le contrôle américain. Fervent défenseur de la marine, il considérait que le passage par l'isthme de Panama était important pour renforcer le pouvoir de cette dernière. En 1904, il formule le corollaire à la doctrine du président Monroe selon lequel les États-Unis doivent intervenir pour défendre leurs intérêts dans l'ensemble du monde, légitimant ainsi un pouvoir de police internationale ainsi qu'une intervention préventive en Amérique latine. Il intervient personnellement dans l'arbitrage du conflit entre la Russie et le Japon, ce qui lui vaut le prix Nobel de la paix en 1906, et dans celui entre la France et l'Allemagne sur la question marocaine. Dans la conclusion de son étude, Serge Ricard s'est attaché à examiner l'après Roosevelt. Pour lui, ses successeurs ont dilapidé son héritage [285] ; après 1909, l'internationalisme prudent a laissé place à un moralisme irréaliste [36]. En 1910, les Républicains sont divisés. L'absence de Roosevelt de la scène internationale a permis a contrario de prendre la mesure du caractère novateur de ses politiques, lui qui a permis à Washington de jouir d'un grand prestige et d'un profond respect dans les capitales du monde entier [285]. C'est à partir de 1945 que l'héritage de Roosevelt fut redécouvert par ses successeurs. Serge Ricard souligne que même si « la leçon de professionnalisme » fut parfois oubliée, son « héritage impérialiste » ne fut jamais renié [304].
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Senior
sub-editor: Hélène Tison
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